«Je ne crois pas au bourg centre» «Je ne crois pas au bourg centre»

«Je ne crois pas à la théorie du bourg centre avec des communes moribondes autour. Tôt ou tard, ce bourg deviendra la périphérie d'un village plus gros que lui. Je rejette cette théorie à la mode au profit de la vitalisation des "écarts" comme on dit en Ardéchois. Chaque village doit garder sa vie propre, sa démocratie locale.» Alain Risson préside la communauté de communes des Châtaigniers, créée en 2002, qui réunit six communes et 2.000 habitants. «Nous avons le plus fort taux d'intégration fiscale du département. Nous mettons en commun le plus efficace, c'est-à-dire le transport, l'assainissement, les équipes de voirie, la création d'un pôle d'excellence rural sur le tourisme. Mais chaque commune doit être pourvue de ce qui la rend vivable au quotidien pour les jeunes, les personnes âgées, les entrepreneurs.» A l'image de Gluiras, la commune dont il est maire depuis 1977. Ce village de caractère, «où on ne passe pas par hasard», surgit après 11 kilomètres de routes étroites à flanc de montagne, jonchées de bogues tombées des châtaigneraies, à 811 mètres d'altitude. En contrebas, des bâtiments d'élevage en parfait état témoignent de la vitalité de l'agriculture locale qui compte encore douze agriculteurs en pleine activité. Si les maisons du bourg sont presque toutes restaurées avec soin, «bientôt les tranchées seront refermées et nous aurons une belle place», souligne le maire qui entend conclure sa mandature en 2008. Quand il raconte les projets en cours, on peine à croire qu'il jettera l'éponge dans deux ans: «Je suis né en Ardèche au gré des nominations de mon père instituteur. A la fin de mes études à l'Ecole normale supérieure, j'ai acheté une résidence secondaire à Gluiras.» Lorsqu'il quitte son poste d'enseignant de marketing à l'université, après vingt-deux ans de service, pour travailler dans le secteur social et mutualiste, Gluiras devient sa résidence principale. «Notre équipe (qui compte quatre agriculteurs) a dès le début élaboré un programme de développement. Les jeunes quittaient le pays comme dans la chanson de Ferrat pour aller vers "le formica et le ciné". Nous ne voulions plus d'un village fantomatique avec des volets qui claquaient au vent, des maisons achetées par des touristes, un désert l'hiver et une cohue de 2.000 personnes l'été.» Il met ses compétences de management des entreprises au service de la satisfaction des besoins sociaux de la commune. Gluiras, qui comptait 340 habitants en 1990, est remonté à 411 aujourd'hui.

Première mesure pour redonner de l'espérance aux jeunes, le maire obtient l'ouverture d'une maternelle: «En ce temps-là, l'Education nationale était plus réceptive.» Pour peupler son école, la mairie achète une maison, la retape et la loue à un jeune couple. «Aujourd'hui, la commune a racheté vingt-trois logements. Elle loge 20% de la population permanente et les deux tiers des trente-deux enfants de l'école. Elle a acheté il y a quinze ans les murs d'un restaurant donné ensuite en gérance. Elle a procédé de même avec un menuisier et un entrepreneur de climatisation. Quand l'initiative privée marche, nous nous retirons.» La communauté de communes des Châtaigniers se répartit certains projets: un hameau contemporain d'accueil des artisans, artistes et chercheurs à Gluiras, un futur atelier de transformation des produits agricoles de qualité (AOC châtaignes, myrtilles, lait de chèvre et de brebis...) dans une autre commune. «L'internet change complètement la donne du développement local», insiste Alain Risson, qui propose à ses administrés une mairie virtuelle pour certaines formalités. En novembre, toute la commune, qui possède son centre multimédia depuis 1999, sera couverte par l'ADSL.

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